lundi 28 juillet 2008

Höhren Sie, die Kinder der Nacht, wie sie Musik machen

Dans mon précédent message, j'avais promis Shakespeare. Finalement, vous ne l'aurez pas : tous les billets étaient partis à l'avance. Ca m'apprendra à faire des effets d'annonce...

A la place, je suis allé au cinéma, voir The Dark Knight, de Christopher Nolan. Le film ne sortant en France que le 13 août, je ne dévoilerai rien de l'intrigue. Je me contenterai de dire que le film est à la fois dans la lignée et meilleur que son prédécesseur, soit plutôt violent, étonnamment réaliste vu le sujet traité, long même si on ne s'y ennuie pas et vraiment bien interprété.

Et dire qu'à une époque, le Joker contre Batman ça donnait ça...

Ce qui m'impressionne, c'est la façon dont le réalisateur emprunte une troisième voie, n'ayant rien à voir avec la bizarrerie baroque de Tim Burton (qui peut aller trop loin d'ailleurs, voir à ce sujet Batman : le défi) ni avec le délire dessin animé qui fait mal aux rétines de Joël Schumacher (qui peut aller trop loin d'ailleurs, voir à ce sujet Batman et Robin). Preuve de la richesse du personnage, vieux de bientôt 70 ans sans interruption de publication, chacun l'interprète différemment. Parfois, je me prends à rêver de le voir dans les mains d'autres réalisateurs. Imaginez :

- Quentin Tarantino : Batman et Robin dissertent en continu sur la vie, l'univers, la signification profonde du port d'une cape, les stars oubliées du cinéma d'exploitation et la meilleure recette de hamburger. De temps à autre, ils sont interrompus par une bataille violente contre des sbires, ou en une occasion par un plan fixe de cinq minutes sur les pieds de Poison Ivy.

- Takeshi Kitano : Batman, usé et taciturne - il ne prononce que dix phrases dans le film - parvient à éradiquer un gang de Yakuzas. En rentrant chez lui, il est écrasé par une gigantesque pièce de 1 yen.

- Cédric Klapisch : Bruce Wayne, joué par Romain Duris, a environ trente ans, hésite à s'engager et dans une scène se retrouve à poil sans aucune justification scénaristique.

Ce week-end, j'ai passé quelques heures à écouter Bide & Musique. Cette web radio et le site qui l'accompagne sont un peu à la musique ce que nanarland est au cinéma et fait en plus oeuvre d'intérêt général en retrouvant puis numérisant des vieux disques qui seraient autrement condamnés à prendre la poussière sans plus jamais être écouté. A l'instar du nanar, "mauvais film sympathique", un bide y est défini comme "un morceau de variété (souvent chanté, parfois instrumental, parfois on se demande) pour lequel on a une tendresse particulière, auquel on souhaite donner une importance qu'il n'a pas nécessairement eue dans l'histoire de la musique et, bien entendu, que l'on a plaisir à entendre… et réentendre… et…". Il peut s'agir parfois de bons titres qui n'ont pas été ou ne sont plus diffusé par les radios classiques. Néanmoins, mon écoute de quelques heures étalées sur cette fin de semaine a ressemblé à un chemin de Damas qui aurait pris la forme d'un ruban de Möbius : presque une infinité de révélations brutales. Je vais vous en faire partager trois :

- j'ai à un moment reconnu une voix et un style que j'admire, chantant - chantant ? - sur une musique médiocre. Une vérification rapide m'a permis de confirmer qu'il s'agissait de Ca, ça fait mal à l'ouvrier de... Pierre Desproges .

Enfin, on ne peut pas être bon partout... Lâche ce poussin, Pierre, mes sentiments n'ont pas changé !

- quelque temps plus tard, j'ai découvert les joies de la traduction en français d'un titre anglais. Apparemment le but à une époque était de garder la sonorité au mépris total du sens du texte, d'où par exemple, Rocking with my radio qui devient... Des Requins dans ma radio. Un autre exemple frappant, cette adaptation pour le moins libre de Video killed the radio Star des Buggles. Mention spéciale pour la guitare magique dans le clip.

- enfin, Waylon. Indescriptible Waylon.

La version beta de Mika, élaborée dans les Flandres

Malheureusement, pas de clip le mettant en action, mais vous pouvez quand même l'écouter - au passage, laissez ici toute espérance.

dimanche 20 juillet 2008

The key to happiness is a wooden mallet and eight hours of free time.

Mercredi dernier, avec quelques camarades, en alternative au punting, j'ai tenté l'autre sport typique des étudiants d'Oxford, j'ai nommé le croquet. D'aucuns diront que ce n'est pas un vrai sport, et ils ont peut-être raison, d'autant que l'on ne jouait sans doute pas avec les vraies règles - en tout cas, elles avaient tendance à systématiquement avantager le seul d'entre nous qui disait les connaitre. Il n'empêche que c'est une façon agréable d'occuper une après-midi d'été.

Le terrain : un coin de pelouse de New College

Sur le terrain sont disposés 6 arceaux, quatre étant aux coins d'un rectangle, et les deux autres à l'intérieur, sur la grande médiane. Enre ces deux derniers, soit pile au milieu du rectangle se trouve l'objet du désir et de la crainte simultanés des joueurs, j'ai nommé...


..."the peg". Ne vous fiez pas à son air sympathique et bariolé, il a brisé plus d'une amitié solide.

Chaque équipe s'est vue attribuer deux balles et un maillet. Le but du jeu est de faire passer ses balles par les 6 arceaux selon un parcours précis, puis de toucher le peg. L'équipe gagnante est la première à avoir fait le parcours complet avec ses deux balles.

La pose du Yakusa, version avec arme contondante.

On a droit à un coup supplémentaire lorsque l'on passe un arceau, ou, de façon plus intéressante, lorsque la balle que l'on a frappée en cogne une autre (qu'elle nous appartienne ou non). Il faut alors placer sa balle de façon à ce qu'elle touche celle qu'elle a cogné. Cet aspect permet d'enchainer les coup, voire d'élaborer des alliances temporaires ou au contraire d'envoyer les balles rivales dans le décor.

Comme à la pétanque-cross, il faut pouvoir s'adapter au terrain...

Le moment de la partie où tous vos amis se changent en fourbes traîtres et bossus prêts à vous poignarder dans le dos à coup de maillet. Douloureux, s'il en est.

En effet, si une balle touche le peg avant d'être passée par les 6 arceaux, on doit se retaper tout le parcours avec. Evidemment, c'est très tentant de jouer au billard avec les balles de ses "amis"...

La soirée s'est ensuite poursuivie avec un barbecue à Green College en compagnie des joueurs et d'autres.
Le lendemain, j'ai vu Shot, Lock and two smoking barrels (1998), de Guy Ritchie, un film de gangsters minables à l'anglaise bien drôle. Ca raconte l'histoire de quatre amis plus ou moins honnêtes mais néanmoins sympathiques, qui doivent rembourser en une semaine une dette de jeu. Ils montent un plan visant à détourner l'argent d'un trafic de marijuana, mais les choses ne se passent pas comme prévu.

Les héros, qui ont à la fois beaucoup de bol, et vraiment pas de chance.

Le film est plein de rebondissements, de coincidences improbables et d'accents anglais à couper au couteau (merci les sous-titres, d'ailleurs). Les quatre héros sont des losers plutôt attachants. Résultat, j'ai passé un bon moment, même si c'est un peu par hasard, puisque ça n'était pas le film prévu initialement.

Pour le prochain message, que j'écrirai probablement dimanche prochain, j'annonce la présence d'une guest star de poids : le barde immortel de Statford-sur-Avon. Ne le ratez pas !