lundi 28 janvier 2008

Turnabout wind farm

Dans le but de respecter les lois de la causalité narrative, je vous encourage vivement à aller lire le message précédent, si vous ne l'avez pas encore fait.

Deuxième jour au CAT. Après un petit déjeuner pris dans nos écocabines, nous nous sommes rendus dans un champ d'éoliennes. Petite déception, suite à un problème technique ces dernières ne tournaient pas. Nous avons cependant pu nous en approcher et nous faire expliquer leur fonctionnement. Ou pas : personnellement je n'ai rien entendu à cause de la nature même du site. En effet, soufflait un vent à dékilter une tribune entière de supporters de Glasgow, ce qui est idéal pour le rendement des éoliennes, mais gênant pour l'écoute.
"C'est alors que Don Quichotte se dit qu'il allait avoir besoin de renforts."
Hormis les éoliennes, on trouve aussi beaucoup de moutons au pays de Galles. La photo ne le montre pas, mais le système permettant de les identifier donne l'impression qu'ils ont perdu une partie de paint ball.

De retour au CAT, après le déjeuner, nous avons assisté à une présentation de qualité sur le choix de l'emplacement des éoliennes au Pays de Galles. Une question qui nécessite de prendre en compte beaucoup plus que le rendement potentiel lié au site choisi.

Vu de près, on se rend compte qu'une éolienne, en fait, c'est haut. Très haut.
Chuis libre, comme une rivière...

Nous avons ensuite fait un saut rapide aux cabines, l'occasion d'apprendre que suite à un problème technique (deux en une journées ; la technologie occidentale, quelle merveille !), le générateur tournant au biodiesel devait être mis en marche. Puis nous nous sommes rendu sur les lieux du plat de résistance du field trip : le jeu de rôle !

Non, ne t'inquiète pas, Maman. Pas ce genre de jeu de rôle.

Le jeu mettait en scène une consultation publique au sujet de l'opportunité d'installer d'éoliennes sur le site de Cefn Croes (prononcez "Kevin Kroyis" et ne me demandez pas pourquoi, j'ai renoncé à comprendre). A chacun d'entre nous avait été assigné un rôle : j'étais un des cadres de l'entreprise désireuse d'installer les éoliennes, mes collègues jouant qui une membre de Greenpeace, qui un élu local incroyablement mielleux, qui un journaliste local... Quant au maître de jeu, une énorme surprise nous attendait, car il s'agissait de...
Guest starring George Monbiot dans son propre rôle.

Evidemment peu vous chaud parce que vous ignorez probablement qui est George Monbiot. Sachez que c'est un environnementaliste reconnu de ce coté ci du Channel, auteur d'une dizaine de bouquins et célèbre pour ses chroniques régulières dans The Guardian, journa anglais dont on peut dire qu'il est à mille lieux du Sun. Le jeu en lui-même a duré plus de deux heures, que je n'ai pas vu passées tant elles ont été drôles (certains de mes camarades mériteraient un oscar pour leur composition) et pourtant empruntes d'un certain professionalisme. Pour rester au niveau, je me suis abstenu de me lever en beuglant "OBJECTION !" toutes les cinq minutes alors que ça me démangeait furieusement.

La journée s'est terminé sur un repas pizza végétarienne /salade dans notre cabine. Après cette journée riche en émotion, je ne m'attendais plus à rien lorsqu'est survenu le moment le plus surréaliste du séjour, véritable climax : l'un de nos encadrants nous a annoncé que c'était la Robert Burns Night, et qu'en l'honneur de ce poète écossais, il avait capturé un haggis que nous devions partager. Il a amené la chose, puis a sorti un grand couteau et a tenu au pauvre haggis (panse de brebis farcie avec le coeur et les rognons d'une vache) à peu près ce langage :

Fair fa' your honest, sonsie face,
Great chieftain o' the puddin-race!
Aboon them a' ye tak your place,
Painch, tripe, or thairm:
Weel are ye wordy o' a grace As lang's my arm.

The groaning trencher there ye fill,
Your hurdies like a distant hill,
Your pin wad help to mend a mill
In time o' need,
While thro' your pores the dews distil
Like amber bead.

His knife see rustic Labour dight,
An' cut you up wi' ready sleight,
Trenching your gushing entrails bright,
Like ony ditch; And then, O what a glorious sight,
Warm-reekin, rich!

A l'antépénultième vers de ce poème intitulé An address to a haggis, l'encadrant a donné un grand coup de couteau dans le mets indicible, qui nous a ensuite été servi. Les lecteurs très attentifs auront remarqué une contradiction avec le post précédent, où j'annonçais que les repas au CAT seraient tous végétariens. En réalité, c'est là qu'intervient l'horreur absolue, parce que le haggis...
...était à base de BOULGOUR !!!

Ciel ! Un haggis végétarien ! Peut-on tomber plus bas dans l'abjection et la démence, fidèles lecteurs ? Vous le saurez peut-être (mais sans doute pas) dans le dernier volet du tryptique gallois, publié probablement demain soir.

5 commentaires:

Harl a dit…

Les ordures, ne reculeront-ils donc devant rien !?

Anonyme a dit…

Merci pour Cordwainer Smith.

Momo a dit…

C'est bon le boulgoure...
Mais le met sur ta photo ressemble plus à un joint de salle de bain.

Francois a dit…

C'est vrai que la ressemblance est troublante.

Question : être écolo, c'est obligatoirement bouffer végétarien ou quoi ? Si c'est ça, vive la pollution !

Jibi a dit…

@ Jacob : c'était la bonne occasion pour lui rendre hommage, je crois.

@ Romain : je pense qu'au goût, ça doit être différent. Mais j'irai pas vérifier.

@ François : non, pas forcément. D'ailleurs, tu as dû me voir assez souvent face à un jambon au ski pour t'en rendre compte. Maintenant, dans l'esprit d'origine, le CAT était une sorte d'expérience un peu hippie, et cela se ressent encore aujourd'hui. Par exemple, les carte-postales de la boutique souvenir évoquaient dans un mélange un peu contestable développement durable, végétarianisme... et anti américanisme.

Par ailleurs, sache quand même que l'élevage intensif d'animaux à viande consomme des quantités d'eau et de combustibles fossiles beaucoup plus importants que la culture végétale, la différence pouvant aller jusqu'à deux ordres de grandeur...