- une série de courts extraits appelés "cuts excentriques" : choisis par l'équipe de nanarland, on y trouve pêle mêle plusieurs "recalés de Jurassic Park" (ou les mille et une façon d'échouer à animer un dinosaure sur grand écran, de la pâte à modeler à l'image de synthèse) ; des ninjas très discrets grâce à l'utilisation de petits tapis et de trampolines portables (le tout repris à l'identique dans deux films différents !); Chuck Norris qui se change en ours ;
et le plus mauvais doubleur de France en action.
- Diverses bandes annonces :
Rien n'arrête la musique, le film des Village People (!),
Dawn of the Mummy,
Les trottoirs de Bangkok (un peu d'exploitation crapoteuse),
L'incroyable Hulk (et son catcheur peint en vert), et le grandiose
Mon corps a soif de désir (une sombre histoire de gitan grec impuissant).
C'est alors que, précédée d'une présentation de Monsieur Rauger, la "caution culturelle" de la soirée a été projetée :
Le Congrès des Belle-mères (1954), d'Emile Couzinet.
"Achevez-moi, pitié !" Un spectateur, durant le quatrième couplet de la chanson des belle-mères.Cette année, la caution culturelle était plutôt rythmée. Il s'agissait d'une comédie française dans laquelle les belle-mères d'un village du Sud-Ouest décident de prendre le pouvoir politique au grand dam de leurs gendres et du maire. Le tout s'accompagne de jeux de mots tellement affligeants qu'ils en deviennent drôles (de mémoire, un beau-père appelé Bonnichon se dispute avec son gendre, Monsieur Jolissein pour savoir qui porte le plus beau nom de famille...), de chansons que la salle finissait par reprendre en coeur ("Ah les belle-mères ah les belle-mères..."), de dames d'âge respectable qui mattent leur mari à coup de prises de Judo, le tout nappé d'une idéologie déjà très rétrograde à l'époque (parfois de façon "subtile" : la jeune femme présentée en exemple, c'est à dire comme l'alliée des hommes, avoue fièrement qu'elle n'est pas inscrite sur les listes électorales). Une entrée en matière plutôt efficace en tout cas, et montrant que de mauvais films sympathiques ont été tournés bien avant les années 80, et dans nos provinces.
Après une petite pause, histoire de digérer tout ça, la deuxième partie a commencé par un jeu, où il s'agissait de retrouver le nom d'un film chroniqué sur le site à partir de son pitch. Je n'ai pas été sélectionné mais j'ai pu constaté à quel point j'étais atteint : j'ai reconnu 4 films sur cinq, et j'en ai vu au moins 2 par le passé... La nuit s'est poursuivi par la projection d'une sympathique interview de Lloyd Kauffman, fondateur de Troma production et réalisateur de nanars volontaires et engagés depuis une trentaine d'année au moins. Nous avons enchainé avec :
- deux extraits, dont l'un, du film
Angel of H.E.A.T., faisait mal aux yeux...
- des cuts excentriques bien déjantés, entre chorégraphies pakistanaises en skaï pour le moins ambiguës et fin du mythique
Clash of the ninja.
- des bandes annonces : entre autres,
Blessure avec Florent Pagny jeune qui joue mal,
L'Horrible invasion et ses araignées géantes moins crédibles les unes que les autres,
Hulk revient (la suite),
Oeil pour oeil, un film qui confond ninja et samouraï, et
Canterbury interdit, un festival de polissonneries moyen-âgeuses accompagnées d'une chanson qui fait encore saigner mes oreilles à l'heure où j'écris ces lignes.
L'un des sommets de la soirée est arrivé juste après ça : la projection de Karaté Olympia (1980), de Ivan Hall.
"Karaté Olympia rentabilise déjà la nuit". Bisounours, émerveillé par les prouesses de Steve Chase.
"Houss !" La salle, saluant comme de vrais artistes martiaux.
Tentons de résumer le scénario de la chose : des mercenaires, parmi lesquels Steve Chase et sa fiancée s'entrainent dans un château en pierres blanches perdu dans un désert sud-africain. A leur tête, le capitaine Von Rudlof, ancien officier nazi disgracié, qui désire se venger en les faisant concourir dans un tournoi d'arts martiaux contre une équipe formée par l'homme responsable de sa chute, Miyagi. Mais Steve et sa belle, aidés par Chico, le bras droit nain de Von Rudlof, parviennent à s'échapper. Von Rudlof fait capturer l'héroine pour faire pression sur Steve, qui décide de revenir au château dans l'équipe de Miyagi pour la sauver.
A la lecture de ce résumé, vous n'avez qu'une piètre idée du n'importe quoi de ce long-métrage, du générique (où les noms des acteurs et de l'équipe de tournage sont projetés sur le corps du héros) à la fin (avec un flashback hallucinant de von Rudlof). Joué de façon approximative, il réussit l'exploit de rassembler des karatékas, des nazis et un homme de petite taille qui explique que "parfois, la victoire est dans la défaite". Les 40 meilleurs karatékas du monde (bizarrement presque tous recrutés en Angleterre ou à New York) y font subir des violences insoutenables à des pastèques ou à des guitares ou lancent des vannes absconces (du genre "Mieux vaut un singe que trois babouins"). Le film fourmille d'éléménts nanars, et vaut définitivement la peine d'être vu, que ce soit à 400 à la cinémathèque française, ou à cinq avec une pizza.
La suite et la fin, demain !