lundi 25 février 2008

Hey my friend part 1 : ii tenki nyan ?

Avec en invités spéciaux, Nicolas et un certain nombre de bancs d'écoles.

Comme je l'avais annoncé, je reçois ou visite en ce moment quelques individus de bonne compagnie que j'ai connus par le passé avant de venir m'établir dans la perfide Albion. Ainsi, Nicolas, revenu du Japon pour un petit mois m'a fait l'honneur de venir passer deux jours ici. A son arrivée, nous sommes allés faire un petit tour de la ville, entre l'Ouest jusqu'à la gare et l'Est jusqu'au bâtiment de criminologie de Manor Road avant de tenter d'être servis au Eagle and Child.

Qui dit visite de Nicolas dit évidemment visionnage de gros nanars pour mon plus grand bonheur : ainsi en rentrant, nous nous sommes installés devant Braddock, portés disparus 3, un film pour le moins patriotique dans lequel Chuck Norris, bravant ces salopards de technocrates de Washington, s'en va gagner la guerre du Viet Nam tout seul à coups de pied retournés. Si vous ne l'avez pas déjà subie, je vous renvoie à la réplique la plus emblématique de l'histoire du cinéam reaganien. Pour la chronique de la chose sur nanarland, c'est par ici.

Le lendemain, j'ai essayé quelque chose de complètement différent de d'habitude : nous nous sommes en effet rendus au château d'Oxford. Au passage nous nous sommes offert un petit-déjeuner équilibré, comme l'atteste la photo suivante.
Les beignets Krispy Kreme, dont j'avais déjà croisé le chemin hypercalorique lors d'un court séjour aux Etats-Unis.

Le château en lui-même se visite, mais c'était guidé et nous n'avions plus tellement le temps, donc nous nous sommes contentés de grimper sur le tumulus qui se trouve juste à côté, pour la somme modique de 1£.

Le tumulus. Dommage qu'on n'ait pas droit d'y effectuer des roulis-boulis.
Du haut du tumulus, plusieurs dizaines de siècles nous contemplent. En tout cas, on a une belle vue du château.

L'après midi, j'ai délaissé mon invité pour une raison assez fallacieuse : je devais aller assister à un cours sur la déforestation.
Interrogation en fin de message. Soyez attentifs !

Le soir, nous avons participé à un student diner très animé, avant de visionner Challenge of the Tiger, un film d'espionnage érotique d'art martial dans lequel Bruce Le (ce n'est pas une faute de frappe mais un sosie de Bruce Lee) s'occupe de tataner un certain nombre d'individus et d'animaux sans qu'on sache trop pourquoi, tandis que Richard Harrison (un de mes ninjas caucasiens préférés), lui, s'occupe, euh... du casting féminin. Si Braddock m'avait paru un peu long, Challenge of the Tiger m'a impressionné par le n'importe quoi permanent de l'intrigue et par la prestation du grand Richard qui manifestement a très vite compris ce que valait le film et a décidé de non-jouer au diapason.

Jeudi, la visite de Nicolas s'est achevée par la classique visite de Christ Church College. Il est ensuite reparti vers d'autres horizons tandis que moi, j'ai commencé à me préparer psychologiquement à l'étape suivante, à savoir une visite en territoire rival pour voir si l'herbe est vraiment plus verte dans "l'autre" ville universitaire...

lundi 18 février 2008

fifth week black hole

Bonne nouvelle : j' ai finalement triomphé de cette maudite semaine numéro 5. Pour fêter ça, j'ai passé Samedi et Dimanche après midi à écrire un essay sur la production d'information sur l'environnement dans les médias de masse. J'ai quand même repris contact avec la société le soir.
Juste pour information, le temps à Oxford est radieux, avec un ciel bleu sans nuages...
... mais l'herbe est un peu givrée.

Ainsi, Samedi soir, je me suis rendu à une soirée sushi organisée par la Japanese Society. J'y ai rencontré une japonaise d'âge mûr qui a commencé à me parler de conventions de fans d'animation nippone en Angleterre et qui a essayé de me convaincre de me mettre au cosplay. Vous aurez donc peut-être l'occasion un jour de voir des photos de moi avec des cheveux oranges à nouveau, un kimono noir et une très grosse épée.

Je ne suis resté que brièvement à cette soirée, car j'avais rendez-vous pour aller fêter un double non-anniversaire en compagnie de mes collègues de master. J'ai donc eu l'occasion pour la première de l'année de prouver que j'étais incapable de danser seul ou accompagné, mais dans la bonne humeur - c'est ce qui compte. Le tout s'est déroulé dans un lieu intéressant puisqu'il s'agissait d'une ancienne église transformé en bar/discothèque appelée... le Freud. Je vous jure que c'est vrai.
Un bâtiment qui résume à lui tout seul l'évolution spirituelle de l'humanité au XXème siècle. Et en plus ils passent du Queen !

Le lendemain, je suis allé à une double projection organisée par la Japanese Society, avec un intervalle au milieu où j'ai pu déguster des yakisoba (nouilles sautées). Le premier film s'intitulait Tony Takitani. Tiré d'une nouvelle que je n'ai pas lue, il raconte l'histoire d'un homme solitaire qui épouse une femme charmante, mais avec une véritable obsession pour les vêtements.
Toni Takitani, oeuvre qui réussit l'exploit d'être à la fois un bon film et l'un des prétendants les plus sérieux au titre de film le plus lent du monde.

Le film est très épuré, la réalisation comprenant une alternance de plans fixes et de travelings vers la droite au ralenti (bizarrement, jamais dans l'autre sens). La plus grande partie du film n'est pas dialoguée, mais racontée par un narrateur en voix-off. En fait, ce film est peut-être l'équivalent cinématographe le plus proche qui soit de la lecture d'un livre.

Après la pause-dîner, j'ai pu revoir le film suivant, Battle Royale. Tiré d'un roman que j'ai lu, il raconte l'histoire d'une classe de 42 élèves contraints de s'entretuer par un gouvernement japonais dystopique, le tout sous l'oeil forcément torve de Takeshi Kitano.
Takeshi Kitano, qui réussit l'exploit de rester impérial même lorsqu'il porte un vieux survêtement fatigué.

Le film est également très épuré, la réalisation comprenant une alternance de jets d'hémoglobine et de jupes écossaises. Et Kitano bouffe complètement le film dans son rôle de professeur meurtri chaque fois qu'il apparait cinq secondes à l'écran, transcendant son rôle qui a d'ailleurs été complètement réécrit pour lui par rapport au livre, et c'est très bien comme ça.

Si ça continue, je vais devoir renommer ce blog Jibi sauce teriyaki... Ou peut-être qu'un jour j'irai m'installer au Japon et que là-bas, je m'inscrirai à un club où l'on joue au cricket avant de manger du pudding tout en regardant des films de Ken Loach. En attendant, les prochaines semaines, je vais avoir droit à un défilé de vieilles connaissances. Et ça commence dès demain, avec l'arrivée d'un visiteur venu, croyez le ou non, du pays du Soleil Levant...

samedi 9 février 2008

I am gweilo, part II (mise en abyme)

Précédemment sur ce blog : il y a quelques mois, je suis naïvement allé voir une soirée théâtre chinois pour élargir ma culture, avant de me rappeler au dernier moment que je ne parle pas un mot de mandarin. J'ai donc passé une heure et demi assis à regarder des acteurs se cacher dans des boites en carton et se mettre des fausses moustaches tandis qu'en arrière plan étaient projetées des photos de Nietzsche.

Mercredi dernier, c'était la veille du Nouvel an chinois. Pour fêter ça, j'ai décidé de retourner au théâtre pour voir I love peach blossoms, pièce montée et jouée par le club responsable de la soirée évoquée ci-dessus. Cette fois ci, d'après mes informations, le spectacle allait être surtitré. Je me suis donc rendu au Burton Taylor studio, nommé en l'honneur de vous savez qui.
Non, pas ce Burton, l'autre.
Non, pas ce Taylor, l'autre (grands dieux, cette vanne va tomber à plat)

Voici le synopsis de la pièce : une femme mariée et son amant discutent tranquillement, l'un et l'autre déclamant des poèmes comme le font probablement tous les couples illégitimes. Soudain, le mari rentre, complètement saoûl ("Se mettre minable fait partie de mon job !") et sa femme cache l'amant dans un placard . Jusque là, ça n'est pas très original, je l'accorde. Une fois le mari endormi, un quiproquo amène l'épouse à proposer à son amant de le supprimer. Ce dernier outré par la perfidie de sa maîtresse, décide plutôt de la tuer elle. Mais alors qu'il s'apprête à s'en aller, le cadavre se relève et annonce son refus de périr à cause d'une morale machiste et datée. Nous venons d'assister à la répétition d'une pièce, et les trois personnages sont des acteurs.
Commence alors un grand débat entre ces trois acteurs. Il faut en effet arriver à une conclusion satisfaisante : l'amant doit-il tuer le mari ? Se tuer lui-même ? Serait-il préférable que personne ne meure ? La réponse devient capitale alors que peu à peu il apparait que la pièce reflète étrangement la situation réelle des personnages...

J'ai plutôt apprécié cette pièce moderne : même si je dois avouer que les sur-titres ne m'ont pas permis de subir toutes les subtilités de l'histoire, j'ai au moins compris la trame principale. Les acteurs jouaient (et dans certains cas, chantaient) de façon assez convaincante, et le tout n'était pas dénué d'humour, pas toujours compréhensible pour un occidental. A contrario il y a eu un grand moment de comique involontaire que j'ai dû être le seul à saisir lorsque l'un des acteurs s'est mis à jouer comme Alain Chabat imitant Woody Allen...

Je ne sais pas trop si je vais poster avant un petit moment : la semaine prochaine est traditionnellement marquée par une lassitude générale et un certain dégout de la vie, à tel point que l'Université parle officiellement de "fifth week blues". La suite risque d'être plutôt animée : festival japonais en fin de semaine, puis visite d'un ami, puis petit tour dans l'autre Université, puis visite d'un autre ami, et fin en apothéose à Bruxelles. Ensuite, les ennuis vont commencer...

lundi 4 février 2008

A life more ordinary

Un master à Oxford, ça n'est pas seulement une suite de voyages d'études, malgré l'impression que vous pouvez en avoir à la lecture de ce blog. C'est aussi souvent des semaines où l'on assiste à une conférence par jour, complétée ou non par des lectures à côté. Voici donc le récit d'une semaine normale à Oxford.

Lundi : conférence sur ce qu'est une étude de cas. C'est la première d'une série de cinq censées nous former aux diverses méthodes d'études qui pourraient nous être utile pour notre minithèse. Ce fut l'occasion de se rendre compte que les sciences sociales, ca peut être très compliqué pour un ingénieur polyplurimultidisciplinaire à tendance généraliste de groupe sanguin A. Le soir, je suis allé diner au Noodle Bar en compagnie de quelques camarades pour fêter l'anniversaire de l'un d'entre eux.
Au noodle bar, on trouve de la nourriture vaguement chinoise, mais définitivement goutûe, et pour pas trop cher. Un luxe, ici.

La soirée s'est terminé au Grand Café, exemple impressionnant de publicité mensongère : l'endroit semble surtout grand à cause de deux énormes miroirs sur les murs.

Mardi : conférence sur la désertification, donnée par un individu précis et théatral qui s'est présenté comme un des fondateurs du département. En tout cas, il maitrisait son sujet.

Mercredi : introduction à l'écologie. Cette fois, c'était un cours sympa pour un ingénieur, avec des logarithmes partout et qui m'a rappelé l'option que j'avais choisie au premier term - Conservation & Biodiversity. Le soir, j'ai visionné Kantoku Banzai ("Longue vie au réalisateur"), le dernier film en date de Takeshi Kitano avec la Japanese society. Et je n'ai pas été déçu.

Mon autre idole.

On m'avait annoncé un film aussi dément que Takeshis, son précédent opus dont au moins deux de mes lecteurs se rappellent avec émotion. Je crois pouvoir affirmer que Kitano est allé encore plus loin dans le n'importe quoi. Le scénario est simple : après l'échec de son dernier film, Takeshi Kitano (dans son propre rôle) cherche une idée. Dans la première moitié du film, il va successivement mettre à mal tous les genres classiques du cinéma japonais, du film d'horreur au chambara (film de samurai) en passant par la comédie romantique ou le drame du quotidien. Dans la deuxième moitié, il se décide finalement pour un film de science-fiction. C'est là que la chose devient indescriptible : il faut le voir pour le croire.
Les deux acteurs principaux du film : Takeshi et sa doublure en plastique moulé
Les deux héroïnes du film dans le film. Leur look est paradoxalement ce qu'il y a de moins bizarre chez elles.
Je renonce à expliquer cette image, mon cerveau ayant déclaré forfait.

Tout ça paraît complètement débile, mais en fait c'est très drôle, introspectif, et ça a été officiellement présenté à la Mostra de Venise.

Jeudi : méthodes d'évaluation des écosystèmes. Un autre cours "engineer-friendly".

Vendredi : atelier autour des relations entre science et média. Cet atelier est peut-être le meilleur parmi ceux auquels j'ai assisté depuis le début de l'année. Nous avons en effet bénéficié, en plus de deux encadrants doués, de la présence de trois hommes venus du monde des média : un producteur de télévision, un éditeur de la BBC, et un incroyable journaliste scientifique, venant lui aussi du groupe de media publiques britannique, qui nous a offert une rétrospective hilarante de sa carrière.

Samedi : marathon animation japonaise sur grand écran, sous le prétexte fallacieux suivant :"les douze prochains épisodes d'Utena sont géniaux, mais ne font pas avancer l'histoire alors on va les regarder tous d'un coup".

Histoire de couper court aux persifflages des fans de Tintin, non ils n'ont pas tous la même tête...


Le soir, j'ai partagé un repas philippin avec quelques amies. Je connais quatre individus qui ont dû se régaler pendant deux mois, parce que c'était délicieux. Nous avons ensuite visionné un film d'Akira Kurosawa, maître reconnu du cinéma japonais (décidément). C'était une comédie en noir et blanc, où l'on aurait remplacé Lino Ventura par un samurai. C'était la première fois que je visionnais un film de Kurosawa, et, ma foi, je recommencerai autant de fois que je le peux.

Dimanche : on termine la semaine en beauté avec une projection du Rocky Horror Picture Show en ville. Nous n'étions que dix dans la salle, et nous n'avions pas le droit de lancer du riz ou de l'eau. Ca m'a quand même permis de réviser, parce que malheureusement, je ne connais pas encore le film par coeur. Par contre, les chansons, si. C'est grave, docteur ?
Let there be lips.

En fait, avec le recul, ça n'avait absolument rien d'une semaine ordinaire. Ca sera pour une prochaine fois. Peut-être.